Laissez-moi vous parler de I. (ou l'empathie)
Le vin n’a plus le même goût qu’hier. Le soleil ne chauffe plus autant… Un ami a mal. Mes morceaux de musique préférés ne me procurent plus aucun plaisir… Comment choisir les mots justes, le bon moment pour les dire ? L’impuissance me fait mal, et pourtant je sais que l’empathie n’est pas ce qu’il demande. Une main tendue que personne ne saisit… Quoi de plus triste ? Je préfèrerais qu’il pleure et que je le sache. Qu’il me crie dessus, s’il peut en retirer une nouvelle force, la force qui lui permettra de s’en sortir. Qu’il m’injurie si cela l’aide… Il préfère l’isolement, comme je le comprends. Que faire ? Respecter son choix, sa solitude… Que peut l’amitié dans ces moments-là ? Il est seul au monde en ce moment. Lui faire comprendre qu’il n’est pas seul ? Il le sait, mais il a besoin de se sentir seul. Respecter son choix de s’enfoncer… Juste lui rappeler que je suis là, pas loin ; ne pas lui rappeler que je souffre avec lui. Oh que nos délires me manquent ! Nos beaux moments de complicité, nos incompréhensions et nos raccordements… Comme tout ami je vis dans l’espoir des prochaines retrouvailles, mais qu’il est dur de ne rien faire, qu’il est dur de respecter la solitude de ses amis blessés… Que dire à cet ami, sinon… « Je suis là »… ?