Couleur Café... amère

Je n'irai plus à Couleur Café... Dans les années '90, ce festival bruxellois privilégiant la fête et la convivialité se démarquait par sa programmation très diverse et colorée, son village dédié à la grosse bouffe du Monde, ses tentes consacrées aux ONG, ses expositions d'artistes... C'était l'une des premières vitrines des altermondialistes où tout le monde était le bienvenu... Et puis le R&B est arrivé, et le public ainsi que l'ambiance ont changé... Le changement de programmation et le rajeunissement du public est une volonté déclarée des organisateurs (financés par la région bruxelloise)... Mais de là à faire tout et n'importe quoi avec les deniers publics...

Qui est Beenie Man? Ce chanteur jamaïcain était programmé cette année à Couleur Café. Et ce alors que déjà à de multiples occasions il a été interdit de concert partout en Europe notamment pour sa chanson « Bad Man Chi Chi Man» qui est un appel à la haine homophobe pure et simple. Ok... En Jamaïque, l'homosexualité est peut-être toujours condamnée par la loi, avec l'approbation de la population jamaïcaine... Mais en Europe, inviter le public à casser du pédé ne devrait plus être permis depuis longtemps... surtout dans un festival prônant la convivialité, la multiculturalité, la tolérance... Comment un festival qui se dit ouvert au respect des différences peut-il programmer un “artiste” qui appelle au meurtre d’être humains? A croire que certains organisateurs n'ont pas de sens moral; ils n'ont déprogrammé Beenie Man que suite à la polémique qui a enflé cette dernière semaine dans la presse et sur les réseaux sociaux. Et vous croyez qu'ils se sont excusés? Non... ils accusent les associations gays de manoeuvres visant à les discréditer.

Donc, non, je ne retournerai plus jamais à Couleur Café... et je suis inquiet de la banalisation de l'homophobie dans le chef de gens supposés "ouverts" et "tolérants".

Bonne journée...

Comments

[S.]

Comme quoi le combat pour faire valoir les droits des homos comme des êtres humains à part entière et pas comme des rebuts de l'humanité n'est pas encore terminé...
j'en viens à me dire que l'humanité aime ce côté cyclique du "défoulons nous et déversons notre haine sur l'autre".

[Lledelwin]

Moi ce qui me tue, c'est les reproches de couleurs café aux militants (sur la programmation du type, j'ai rien à dire. J'arrive pas à croire que les orga de couleurs café aient programmé un type dont les lyrics étaient dénoncés dans le journal d'Amnesty. En tout cas, pas en toute connaissance de cause, ils ont du croire à un homonyme, c'est pas possible... bref).

Les orga de couleur café tapent sur les militants, bouh, les vilains, qui ont portés la chose sur la place publique au lieu de gérer ça discrétos avec eux. Le capitaine de l'équipe de France trouve qu'insulter l'entraineur c'est pas le vrai problème, c'est le traitre qui a rapporté les paroles à la presse le problème (et on violera son chien devant lui après lui avoir pété les rotules, à ce traitre ! on déconne pas avec l'esprit de corps !) Je sais plus quel homme politique pourri d'injures un jeune étudiant journaliste, traine dans la boue sa profession, puis s'étonne que les bandes apparaissent (quoi, la caméra tournait ?) et menace l'étudiant de le poursuivre en diffamation devant les tribunaux pour avoir diffusé des propos tenus en public, alors qu'il avait prévenu vouloir faire une interview et que la caméra était tout sauf caché ! Que dire de ces journalistes qu'on accuse d'avoir été se foutre volontairement dans les emmerdes... parce qu'ils choisissent de faire leur boulot de grand reporter sérieusement, c'est à dire pas en ruminant les dépèches AFP ?

J'ai l'impression qu'on est dans une époque de mépris pour l'information, la vraie, celle qui dérange, qui bouscule.

Enfin, je dis ça et je me souviens de la chanson apprise en troisième secondaire : "le premier qui dit la vérité se trouve toujours sacrifié. Après sans problème parle le deuxième..."

http://www.frmusique.ru/texts/b/beart_guy/verite.htm