"Je peux pas; ce jour-là, j'ai poney"

Aujourd'hui j'ai décidé de vous parler de mon collègue "Poisson-lune". Vous visualisez un poisson-lune? Ce sont de gros poissons de mers tropicales capables en cas de stress de se gonfler d'eau en quelques secondes de manière à tripler voire quadrupler de volume, la bouche ouverte, l'air abruti, mais avec un effet "impressionnant" garanti envers le prédateur. Et bien, mon poisson-lune à moi, il est tout ça, mais pas du tout impressionnant.

Ce collègue traîne son ennui et sa paresse dans le service depuis des années, et on se le repasse régulièrement de bureau en bureau. J'ai essayé de l'impliquer pendant un an et demi, en discutant régulièrement avec lui, en adaptant ses tâches... et tout aurait dû bien se passer, car l'animal n'est point bête, au contraire il est très malin. Par contre il est extrêmement fainéant : il fait partie de cette catégorie de collègues qui vont perdre beaucoup de temps à trouver une excuse pour ne pas faire ce que vous leur demandez, alors que la tâche ainsi confiée aurait été évacuée en quelques minutes sans trop d'effort...

A son engagement, on l'avait affecté à une fonction en contact avec le client : plutôt que de combattre sa timidité (il a quarante ans et quatre enfants, hein), il a introduit un certificat médical pour allergie aux produits qu'il devait manipuler... Bien bons, mes prédécesseurs le réaffectèrent à d'autres tâches... mais de toute évidence un bureau ne lui inspire que l'ennui et l'envie de lire des bouquins... et comble de malheur, faire des photocopies lui occasionnent tendinites sur tendinites... Il est passé maître dans l'art de l'excuse "bidon" et ne se soucie même pas que celle-ci soit crédible.

Hier il est venu dans mon bureau pour me signifier son nouveau congé-maladie (ben oui, on lui avait demandé de faire des photocopies la veille) avec son air de poisson-lune réjoui (bras et jambes écartés, le sourire aux lèvres)... je lui ai donc souhaité d'être en état malgré sa tendinite fulgurante supporter le poids de ses livres et de sa télécommande pendant son congé de maladie... et je me suis empressé d'empaqueter ses objets personnels... j'attends que sa future veuve vienne les chercher car son état de santé ne peut qu'empirer s'il passe ses journées à jouer à la PlayStation enfermé chez lui avec ses gosses... RIP.

Bonne journée (et oui, je suis perfide, là)